Dans le cadre du festival Un Blog Une BD, auquel j’ai déjà participé deux fois (en 2014 avec Mauvais Genre et en 2015 avec le manga Sunny), Price Minister Rakuten propose aux blogueurs de recevoir une BD de leur choix et d’en faire une critique sur leurs blogs. Mon premier choix s’est porté sur Le Piano Oriental et j’étais ravie de recevoir ce livre.

pianooriental1L’histoire : dans les années 50 à Beyrouth, Abdallah Kamanja cherche à comprendre comment un piano pourrait jouer la musique orientale. Parallèlement on suit l’histoire de son arrière-petite-fille, Zeina Abirached, qui vit entre le Liban et la France. Un piano qui joue deux musiques, une libanaise qui est aussi française, voici les deux thèmes du livre en grande partie autobiographique.

source WikipediaJamais l’expression “roman graphique” ne m’a paru plus appropriée. Ce livre est d’abord un très bel objet, noir, blanc et doré (et aucune liseuse électronique ne peut remplacer l’odeur d’un livre neuf !).
Certaines pages s’ouvrent, comme celles qui nous dévoilent l’idée de génie d’Abdallah pour créer son piano oriental :

pianooriental2pianooriental3On peut lire les vignettes dans plusieurs ordres, ce qui permet de découvrir encore plus de détails.

Les dessins sont exclusivement en noir et blanc, sauf la couverture avec son filet d’or,  comme le clavier du piano ou une partition musicale, le style est graphique et très précis mais laisse libre cours à l’imagination  et à la poésie. Les motifs oniriques s’y reproduisent à l’infini, le thème de la musique  trouve son écho dans le thème des langues : l’arabe et le français qui se mêlent.

Ce livre m’a beaucoup touchée car chez moi aussi on commence une phrase dans une langue pour la finir dans une autre, Canaillou met un mot en anglais au milieu d’une phrase en français ou l’inverse. Quand on trouve pas un mot dans une langue on va le chercher dans l’autre. C’est comme ça dans toutes les familles “mixtes”.
Le thème de la traduction est abordé, avec notamment la difficulté de transmettre le sens culturel de certaines habitudes quand on passe d’une langue à l’autre. En tant que prof de langues, je suis bien placée pour comprendre ces difficultés…C’est pareil pour le piano qui se décale d’un quart de ton pour pouvoir passer de la musique occidentale à la musique orientale, c’est un piano bilingue !
L’humour est omniprésent, avec la vision de la famille, de l’amitié, l’appartenance à deux cultures, à deux pays mais le livre prend une teinte plus tragique avec l’évocation de Beyrouth pendant la guerre.
Plus que jamais, ce genre de livre est important pour comprendre que les peuples sont destinés à vivre ensemble, à se mêler, musicalement, linguistiquement, culturellement.

Vous l’aurez compris, c’est un gros gros coup de coeur, je lui mets la note de 20/20 sans hésiter pour toutes les raisons évoquées plus haut. Merci à Price Minister qui m’a permis de découvrir cette magnifique BD !

Voici aussi, si cette histoire de piano bilingue vous intéresse autant que moi, le son produit par le piano d’Abdallah, enregistré par son fils Joseph, grand-père de Zeyna. C’est assez étonnant…

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