Ca y est, l’exposition Debout ! présentant la collection Pinault a ouvert ses portes ce week-end au Couvent des Jacobins de Rennes et ce, jusqu’au 9 septembre. J’avais hâte de de la découvrir et surtout de pouvoir enfin déambuler dans le Couvent des Jacobins magnifiquement restauré.
J’avais déjà vu une exposition Pinault à Dinard il y a quelques années et je savais déjà que tout ne serait pas forcément “facile” à regarder.
Comme nous y sommes allés à l’ouverture avec des billets coupe-file, nous avons pu entrer les premiers et profiter de l’exposition avant qu’il y ait trop de monde. Cela m’a également permis de photographier les lieux !
Les visiteurs sont accueillis par Baby, l’oeuvre mi-sculpture mi-dessin de Thomas Houseago. Juste à côté, Ghost, du même auteur, impressionnant par sa taille. La troisième sculpture de cette salle, Vater Staat, par Thomas Schütte, est un géant de bronze qu’on dirait emprisonné dans une camisole de force. Des photos de Paulo Nazareth sur l’esclavage sont exposées et disponibles à la vente (les fonds seront reversés à SolidaRen, le Centre Communal d’Action Sociale de Rennes). C’est la condition de l’homme moderne, de la dictature à l’exil, qui est présentée ici. En progressant dans l’exposition on trouve ce qui paraît être un enfant agenouillé. En voyant son visage, on se rend compte qu’il s’agit de Him, Hitler. C’est l’oeuvre de Maurizio Cattelan. L’effet est assez terrifiant.


La sculpture Romeu de Berlinde de Bruyckere interpelle également : ce corps écorché et torturé, sans tête, m’a mise très mal à l’aise !
Une autre oeuvre monumentale ( de Jake et Dinos Chapman)consiste en neuf vitrines disposées en forme de croix gammée. Ces vitrines contiennent 30 000 petits soldats nazis et chacune renferme un petit Hitler qu’il faut retrouver. Je n’ai pas eu le courage de chercher car la représentation des horreurs de la guerre est très réaliste et sanglante. Je n’ai pas fait de photo correcte non plus, il faudra que vous y alliez !

Juste à côté des vitrines, un bébé semble dormir dans sa poussette mais lui aussi fait partie de l’expo… C’est Baby in Stroller, l’oeuvre de Duane Hanson qui a également réalisé la sculpture plus vraie que nature d’un artiste assis.


Cette voiture accidentée, trouvée dans un casse auto, est elle aussi une oeuvre d’art (de Bertrand Lavier).
Elle contraste avec la sculpture intitulée Cri, d’Adel Abdessemed. Tout le monde connaît la photo de cette fillette brûlée au napalm lors de la guerre du Vietnam. Ici elle est reprise en 3D et l’effet est saisissant.
Danh Vo, artiste vietnamien ayant quitté son pays, présente une sculpture, We the people, qui est une copie de la statue de la Liberté. On en voit ici un fragment . D’autres fragments sont dispersés de par le monde et exposés dans divers musées.
Uncle of the Garden est un triptyque de Lynette Yiadom-Boakye, très attachée à peindre les communautés noires d’Amérique.
Dans la même salle on retrouve deux autres sculptures de Thomas Houseago :
Giant Mask est inspiré à la fois par Picasso et la sculpture tribale africaine.
Sleeping Boy est une sorte de gisant, la sculpture est allongée, mise à plat et créée pièce par pièce.

Au centre du cloître on peut admirer la statue de Charles Ray, Boy with Frog. J’ai été surprise d’apprendre qu’elle est faite d’acier inoxydable alors qu’on la croirait de marbre, comme les statues grecques. La beauté des lignes contraste avec le geste cruel de l’enfant qui martyrise l’animal…


Un peu plus loin, les tableaux de Vincent Gicquel ont intéressé Canaillou. On se sent observé par les personnages écarquillant les yeux, on ne sait plus trop qui regarde qui.
Il y a aussi des petits films de Pierre Huygue à visionner mais je les ai trouvés très angoissants et j’ai préféré ne pas laisser mon fils les voir.
Les Grands Esprits de Thomas Schütte m’ont fait penser à des robots déformés.
Les Efficiency Men, de Thomas Schütte également, sont un peu effrayants avec leurs visages colorés grimaçants.
Dans la même salle on trouve les bustes des 4 Fratelli, qui m’ont fait penser aux soldats défigurés de la première guerre mondiale.
Le diptyque Likeness I & II de Marlène Dumas fait référence au tableau de Holbein le Jeune représentant le Christ mort dans sa tombe.
Je suis loin de vous avoir montré toutes les oeuvres présentées, je n’ai pas pu tout prendre en photo. J’ai oscillé entre l’enthousiasme et un certain malaise face à quelques oeuvres dérangeantes. Le fait est que certaines sculptures ou peintures poussent à la réflexion, surtout en ce moment.
Cette exposition, vous l’aurez compris, pose question quant à la condition humaine et les dérives de notre monde.C’est peut-être ça aussi, le but de l’art, non ?  

En tout cas, l’exposition est magnifiquement mise en valeur dans ce Couvent des Jacobins où règne une atmosphère extrêmement paisible. L’ambiance est minimaliste et dépouillée, c’est un cadre idéal pour présenter des oeuvres d’art.

Debout ! Collection Pinault

du 23 juin au 9 septembre 2018

Couvent des Jacobins

6 Rue d’Échange,

Place Sainte-Anne,

35000 Rennes

 

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